Un itinéraire
Brésilien né dans l'état du Minas Gerais, Antonio Santana a fait ses études musicales à Sao Paulo au Conservatoire Mario de Andrade où il obtient, à 17 ans, un prix de Piano, d'Harmonie, d'Analyse musicale et d'Histoire de la Musique. Il a étudié ensuite avec Alfredo Cerquinho, interprète renommé de Rachmaninov et Chopin. Il a dirigé pendant 7 ans une chorale de Sao Paulo d'une centaine de personnes avec laquelle il a interprété des œuvres classiques et contemporaines.
De 1980 à 1985, il a donné de nombreux récitals de piano dans différents états du Brésil. Remarqué par Anna Stella Schic, pianiste virtuose mondialement connue pour son interprétation de Villa-Lobos, qui l'invite à travailler auprès d'elle au Conservatoire Européen, il arrive à Paris en Février 85 et s'installe à Versailles en juin de cette même année. Il entreprend alors, avec l'argentine Sylvia Taxen-Bang, spécialiste de la détente musculaire adaptée au piano, une étude approfondie de la pédagogie qui l'amène aussi à rencontrer des interprètes issus d'écoles pianistiques différentes pour comprendre les particularités de chaque technique. Par la même occasion il a été appelé à enseigner le piano, activité à laquelle il consacre une part de son temps, l'autre étant vouée à la composition.
Comment est née l'idée de l'oratorio "Un Chant pour la Planète" ?
A.S. - J'avais depuis longtemps un intense besoin d'expression. Mais le déclic a eu lieu probablement par la conjonction de plusieurs rencontres. Tout d'abord avec un poète, Bernard Chotil, avec qui j'ai senti de suite une véritable complicité et qui a mis, sur certaines de mes musiques, de magnifiques paroles. Puis à la lecture d'un de ces textes qui parlait de la Terre et l'audition de ce qui allait devenir un tableau de l'oratorio, un ami cinéaste, Philippe Cassard m'a interpellé ; « pourquoi ne pas écrire un hommage à la Terre ? ». Enfin, au même moment, Christophe Girard-Reydet chef de chœur m'a encouragé à composer une œuvre chorale; je suis allé me rendre compte du volume sonore de ces chœurs, j'ai alors eu l'impression d'avoir une énergie énorme, quelque chose qui bouillonnait à l'intérieur. J'étais mûr pour la création.
Comment avez-vous composé cette œuvre ?
A.S. - Je ne compose pas au piano, je compose dans la rue, en marchant, le soir, la nuit, durant des périodes de calme et quasiment sous une dictée inconsciente. D'ailleurs, pour cet oratorio, l'idée musicale est venue d'un jet, du premier coup il y a eu sept ou huit tableaux. Puis il a fallu un long travail commun avec l'auteur, parce qu'il lui fallait rentrer dans la musique, partager une grande sensibilité. En quelques mois, nous avons progressé et achevé les treize tableaux. La musique était première, elle s'imposait dans sa cohérence intérieure guidée par un fil conducteur.
Pourquoi un oratorio ?
A.S. - J'ai voulu un oratorio plutôt qu'une cantate parce qu'il m'a semblé que le thème de la Terre devait être traité selon un mode reflétant une grande spiritualité, afin d'y retrouver une dimension intemporelle et sacrée.
Comment pourrait-on vous définir, vous et votre musique ?
A.S. - On a tendance à faire des comparaisons, besoin de points de repères, mais j'ai du mal à me situer. Surtout à notre époque où les jeunes compositeurs ne s'expriment plus par le biais de la tonalité. Je comprends par exemple Rachmaninov, qui a beaucoup souffert des critiques définissant sa musique comme trop parfumée de romantisme. Toute proportion gardée, je me sens aussi un peu « à part ». Avec cette œuvre, je m'exprime librement. J'ai essayé de retravailler certains passages mais j'avais l'impression que la musique ne le voulait pas ! Car elle est venue avec une grande force, parfois même une certaine violence. Elle demandait à vivre, j'ai essayé de restituer cette vie telle qu'elle venait. J'ai appris à aimer la musique sans discrimination, j'essaie simplement de chercher le vrai des choses; en musique il n'y a pas de barrière, il y a ce qui nous inspire et ce qui nous apporte du bien-être, du plaisir.
Vos racines brésiliennes ?
A.S. - J'ai eu une formation classique, mais dans l'oratorio il y a des passages directement influencés par la culture musicale du Brésil, ses rythmes, notamment dans le tableau de l'Amazonie bâti sur une samba. Peut-être aussi une insouciance, une nostalgie et quelque chose qui se rattache à la musique populaire avec des mélodies qui viennent de loin et que je porte en moi depuis longtemps.
Techniquement, comment est construit cet oratorio?
A.S. - Dans le prélude orchestral, un solo de violoncelle initie l'œuvre, c'est la voix qui parle et domine l'univers, une sorte d'intelligence suprême, qui pour moi s'appelle Dieu, pour d'autres une force mystérieuse qui nous dépasse. Dans ce Chant pour la Planète le premier mot est "foi", le dernier "amour", entre les deux se déroule toute la création. Les différents tableaux sont une invitation à voyager à travers le monde, on y découvre son harmonie, sa grandeur. J'ai composé un hymne à la nature, avec vers la fin l'Oiseau, symbole de la beauté, du calme et de la méditation. Le 12ème tableau "l'Homme et la nature" exprime le combat entre les forces du mal et la puissance de la vie, ainsi que la terrible responsabilité humaine, individuelle et collective. Au cours de l'œuvre, la participation du chœur d'enfants est très importante. Ils sont au cœur de l'ultime tableau, un Final de grande réconciliation, qui chante la contemplation et la paix.
Quelle est votre ambition ?
A.S. - je suis persuadé que le compositeur n'est pas maître de l'œuvre, c'est un relais, un canal par lequel passe une autre dimension que l'auditeur peut s'approprier. J'ai transcrit ce qui m'était quasiment imposé, j'ai voulu ensuite le communiquer. Qu'est-ce que je peux apporter ? Une certaine émotion, et sans avoir la prétention de créer une œuvre d'une architecture musicale exceptionnelle, je serais content de toucher la sensibilité d'un large public. Ce n'est pas une musique cérébrale, elle peut apporter quelque chose de l'ordre de l'émotion telle que je l'ai reçue. Je crois que c'est une musique qu'il faut écouter avec le cœur.
Propos recueillis par Mazé Torquato
TVFil78
Le 27 avril 2010, nous avons rencontré Antonio Santana professeur de piano et Mario Urbanet qui seront le dimanche 9 mai à la ferme du Manet de Montigny pour un oratorio « Un chant pour la planète ».
Catherine Zullato
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Retrouvez l'intégralité de ce Direct sur le site de
TVFil78
Fréquence protestante
Antonio Santana et Christophe Girard-Reydet, invités de "Point d'Orgue", émission de Marc Portehaut le 29 avril 2010 que Fréquence Protestante.
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Retrouvez cette retransmission sur le site de
Fréquence Protestante.
TVFil78 le 11 mai 2010
TVFil78 a assisté à la Re-création concert du
Chant pour la Planète, donné par les
Chœurs de la Pléiade le 9 mai 2010 à Montigny. Voyez leur reportage et l'interview d'Antonio Santana recueillie à cette occasion.
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Retrouvez l'intégralité de ce journal sur le site de
TVFil78