Cantique entonné par Marie à la louange de Dieu après que sa cousine Élisabeth eut salué en elle la mère du Seigneur, le Magnificat semble avoir fait partie de l'office catholique romain des Vêpres dès la fixation de la liturgie. Il était chanté en allemand le dimanche après-midi, lors de l'office des Vêpres à l'époque où Bach était cantor de Leipzig, tandis que le jour de Noël, il était chanté en latin.
La version la plus connue du compositeur qui est donnée ici est une révision datant de 1730 d'une version écrite préalablement en 1723 à l'occasion du premier Noël de Bach à Leipzig. Elle est complétée par des chants très probablement écrits spécifiquement pour la période de Noël et moins connus du public.
L'aspect solennel ressort immédiatement de la partition. Le Chœur est écrit à cinq voix - au lieu des quatre habituelles - les sopranos étant dédoublées.
L'œuvre débute par un mouvement joyeux dont une moitié est purement instrumentale, et où des guirlandes de doubles-croches se conjuguent à de vigoureux arpèges. L'air pour l'alto, accompagnée par les cordes « Et exsultavit » procède du même esprit, sur des figures musicales analogues. Dans l'Adagio, la soprano est accompagnée par un hautbois d'amour dont la phrase descendante illustre le mot « humilitatem »(bassesse). L'aria s'enchaîne directement sur un chœur vif, accompagné par tout l'orchestre, qui évoque la foule des générations massées pour acclamer la Bienheureuse. La suite du texte nous ferait attendre un effectif complet, mais Bach parvient à un contraste plus frappant encore en tirant partie de la voix de basse pour évoquer les fastes royaux, en particulier dans les vocalises majestueuses sur « potens » (puissant) et « magna » (de grandes choses).
La douceur revient avec un duo pour alto et ténor en tierces paisibles, sur un rythme pastoral et un accompagnement berceur de flûtes et de cordes en sourdine. Le « Fecit potentiam » utilise tout l'effectif, une basse marquée et de brillants traits vocaux. Dans le « Dispersit superbos », Bach fait preuve de son génie à accorder la musique au texte ; celle-ci se fragmente vraiment sur le verbe « dispersit », se ressaisit sur un accord tranchant et insolite au « superbes », pour finir en un adagio soutenu et une cadence prolongée par un ornement de trompette. L'air de ténor avec violons à l'unisson, est basé sur deux phrases complémentaires, l'une descendante pour « deposuit », l'autre montante pour « exaltavit ». L'air d'alto suivant recourt au même procédé « implevit» monte tandis que « dimisit » descend mais l'atmosphère est toute empreinte de tendresse, avec son accompagnement délicat de flûtes et de pizzicatos à la basse. La conclusion spirituelle souligne bien le sens du texte.
Les trois voix de femmes entonnent le « Suscepit Israel » pendant que les hautbois jouent à l'unisson une psalmodie utilisée pendant des siècles pour chanter le Magnificat, et qui remonte peut-être au judaïsme pré-chrétien, le « tonus peregrinus », le seul plain-chant connu qui comporte une modulation. Bach en profite pour effectuer un changement de tonalité magique, en modifiant la ligne vocale tout en conservant la base instrumentale régulière. Le « Ad patres nostros »suggère naturellement le style qu'auraient adopté ses prédécesseurs ; aussi le traite-t-il par une fugue démodée a capella avec continuer.
Le « Gloria » commence spectaculairement par des accord massifs et de grands épanchements choraux ; à la phrase « comme il était au commencement », et suivant en cela une convention au moins aussi ancienne que Monteverdi, Bach reprend la musique du premier chœur, en l'adaptant au nouveau texte. Ainsi s'achève une de ses œuvres les plus lapidaires et l'une de celles où la congruence du texte et de la musique éclate le plus manifestement.
I Coro |
VI - Aria |
XI - Aria |
II - Aria |
VII - Coro |
XII - Aria |
III - Coro |
VIII - Duetto |
XIII - Duetto |
IV - Aria |
IX - Coro |
XIV - Coro |
V - Coro |
X - Coro |
XV - Coro |
XVI - Coro |